par cindy pahaut *
Au CVFE, nous militons pour les causes féministes, notamment celle éminemment vitale de la SANTÉ, et par-là, pour une plus grande valorisation des métiers du care, c’est-à-dire ceux du soin, qu’ils soient soins de santé, ceux apportés aux petits enfants, aux personnes âgées en maisons de repos, à domicile ou ailleurs, ceux de l’entretien, de l’alimentation, de l’éducation…tous ces métiers fondamentaux, essentiels pour que se porte bien notre société dans toute sa diversité, mais qui, historiquement, furent et demeurent sous-financés puisqu’en grande partie « attribués aux femmes » (et dans les faits largement endossés par les femmes !), envisagés comme des tâches « naturelles, ne nécessitant aucune qualification ». Préjugés que dénoncent les théoricien.nes du care.
En ce mardi 8 mars 2022, les Maisons Médicales ont décidé de se rallier à la GRÈVE DES FEMMES ET DES MINORITÉS DE GENRE, notamment largement relayé par le Collectif 8 mars en ces termes : « Après les grèves massives en Espagne, en Suisse, en Amérique latine, et trois années de grève en Belgique, nous appelons les femmes à s’arrêter le 8 mars, à faire grève, à renoncer aux tâches domestiques, au travail rémunéré ou aux cours et à ne pas consommer. Par cette action, on veut souligner le rôle important que joue le travail des femmes dans le fonctionnement de la société. Parce que lorsque les femmes* s’arrêtent, le monde s’arrête. (*ou toute personne qui se reconnaît dans cette appellation) »
Les Maisons Médicales s’alignent sur ce Manifeste de par leur ADN, sur la volonté de mettre en avant les métiers du soin, de lutter contre les inégalités sociales de santé, contre la hiérarchisation des métiers (les MM fonctionnent, rappelons-le, en autogestion, de manière horizontale), de favoriser la participation des patient.e.s, mais aussi s’accordent avec une des grandes revendications de la Santé en lutte, à savoir l’arrêt de la marchandisation des soins et l’ACCÈS AUX SOINS POUR TOUTES ET TOUS ! Ce que permettent dans les faits les Maisons Médicales, grâce au paiement forfaitaire (1), mais également une grande attention portée à la participation des patient.e.s.
Ce 8 mars, nous serons là aussi, en tant que militantes désirant plus de JUSTICE SOCIALE, notamment en revendiquant haut et fort une nette amélioration salariale des métiers les plus précaires, qui s’avèrent être les plus « féminisés », soi-disant parce qu’ils sont « sous-qualifiés », « auxiliaires », et qui par ailleurs comptent souvent des travailleur.se.s racisé.e.s, victimes par-là de multiples discriminations … Ces métiers sont surtout invisibles, méconnus, mésestimés !!!
Le travail fut un axe fort de la manifestation d’hier, fortement influencé sans doute par la présence massive des groupes syndicaux. Néanmoins, 2 oratrices charismatiques ont fait un pas de côté pour parler, l’une, porte-parole de la Voix des Sans-Papier de l’accès au travail entravé par le manque de papier ; l’autre, de l’interrelation entre le travail précaire et la santé des femmes (2), notamment dans le cas particulier des aides-ménagères.
|
(1) Paiement forfaitaire qui se distingue du paiement à l’acte, plus souvent en cours dans les autres organismes de soins ; pour plus d’explications, lire ceci), pratique qui déplaisait à notre ancienne ministre de la santé, Mme De Block, celle-ci se montrant plus friande de coupes budgétaires. |
(2) cfr analyse passée du CVFE de C. PAHAUT, » Au Bonheur des Dames? Derrière le point d’interrogation « , novembre 2018. |
C’est pourquoi notre société se doit d’ouvrir les yeux : car les femmes et les hommes qui les endossent font tenir notre société, nous permettent de vivre dans des environnements propres, nous permettent de ne pas être trop dépendant.e.s de nos enfants, de nos parents malades, prennent soin de nos vies !
Mais les militantes des Maisons Médicales présentes à la manifestation liégeoise du 8 mars ne portaient pas leurs revendications uniquement pour leur secteur professionnel, comme le clame leur flyer…
Nous reviendrons très prochainement avec une analyse dans laquelle nous explorons quelques militances et réflexions contemporaines qui prennent en compte les doléances des métiers des soins de santé, exacerbées dans le contexte de pandémie que nous connaissons, et expliquons en quoi elles se rejoignent notamment autour de la lutte contre la marchandisation du vivant, et, a contrario, pour plus de justice sociale et environnementale.
*