Nous avons appris ce samedi 5 novembre qu’Irène Kaufer était décédée.
Irène Kaufer est née en Pologne de parents survivants de la Shoah. Arrivée en Belgique en 1958, elle fut militante féministe, syndicaliste et LGBT, créatrice de la plateforme Coexister œuvrant pour un dialogue interconfessionnel plus que progressiste, et autrice.
Elle contribuait régulièrement à la revue Axelle et était membre de la rédaction de la revue Politique et co-fondatrice de L’Asymptomatique– webmagazine remue-méninges né pendant les confinements.
Autrice du polar Fausses pistes (Luc Pire, 1995), du recueil de nouvelles Déserteuses (Academia, 2015) et plus récemment Dibbouks (Antilope, 2021). On lui doit aussi un recueil d’entretiens avec la philosophe Françoise Collin, Parcours féministe (Éditions iXe, 2014).
Irène était aussi membre de l’asbl Garance (qui organise avant tout de l’autodéfense pour femmes et filles), cadre dans lequel le CVFE a eu la chance de la croiser.
Elle a ouvert la voie à un féminisme belge intersectionnel qui se cherchait encore, en remettant au centre la parole des personnes concernées, notamment sur les questions de voile et de prostitution.
Quelques heures à peine après son décès, un utilisateur de FB a publié « The old witch is dead : Il y a quand même de bonnes nouvelles ! », associant Irène au « Wokisme ». Ce courant terrrrible qui demande à chacun·e de se questionner sur les ressorts historiques, sociologiques et économiques qui entravent l’accès à la parole et à des droits effectifs pour cette « minorité » constituée des femmes, des personnes racialisées, des LGBTQIA+, et autres groupes agaçants… Quand les « minorisé·es » s’organisent, ça fait quand même un paquet de monde ! 
(Ce post et son lot de commentaires haineux résonnent pleinement avec le projet « Sécur’net » du CVFE dénonçant les cyberviolences de genre et se basant sur le principe que le net doit rester un espace de démocratie, c’est à dire de dissensus et de polémiques constructives.)
Ailleurs heureusement, beaucoup de témoignages depuis son décès commencent par « Nous n’étions pas toujours d’accord mais … », suivis de marques de respect pour un esprit libre, courageux, intègre, qui ne manquait pas de titiller le service public, notamment faire remarquer à la RTBF les incohérences et déficits en matière de parité dans les émissions qui traitent de la cause des femmes !
Mauvaise nouvelle pour tous les nostalgiques du « bon vieux temps » : la Sorcière (titre qu’Irène revendiquait !) a des sœurs de cœur dans tous les coins du pays, et du monde.
Certaines personnes sont des boussoles, mais sa disparition ne nous fera pas perdre le Nord : Irène peut compter aussi sur le CVFE pour poursuivre la lutte, radicalement, sans dogmatisme et armé du même humour qui caractérisait cette Sorcière… pas comme les autres !