(é)Prise de parole

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Raconter, dénoncer, imaginer...et passer à l'action

La Commune, Paris 1871… Liège 1886

                                                   Retour sur l’exposition                                              

                                                                                                  par Juliette Léonard

 

Chaque été, le pôle éducation permanente du CVFE propose à ses participantes et à toutes les femmes* qui le souhaitent de se rencontrer dans le cadre de l’Eté Show au travers de diverses activités, discussions, visites, ciné-débats… Cette année encore le programme aborde des thèmes variés tels que les mobilités, la culture du viol, le féminisme décolonial, le cyberharcèlement ou encore la cancel culture. Une belle occasion d’apprendre, toutes ensemble, mais aussi de s’enrichir les unes des autres en échangeant sur nos vécus. 

* Toutes les femmes et minorités de genre                                         

 

Cette année, nous avons ouvert le bal en participant à l’exposition La Commune, Paris 1871… Liège 1886 au Grand Curtius qui retrace l’expérience révolutionnaire vécue par des milliers de personnes à Paris en 1871 durant 72 jours. Cette période a été l’occasion pour des ouvrières et des ouvriers d’organiser leur vie collectivement sans patron ni pouvoir étatique. Nous avons ensuite assisté à une présentation sur le rôle des femmes durant cet épisode historique.

En effet, les femmes durant la Commune de Paris ont joué un rôle de première ligne : elles furent combattantes, ambulancières ou cantinières (parfois les trois en même temps). Elles ont fait vivre les revendications qui visaient l’égalité entre les hommes et les femmes. Elles ont su batailler, de manière courageuse, contre les Versaillais[1] ainsi qu’au sein de leur propre camp pour sortir du rôle dans lequel les communards hommes[2] voulaient les garder. Majoritairement ouvrières, elles se sont organisées, sans attendre l’autorisation de ceux-ci, au sein de différents collectifs de femmes, dont la massive Union des Femmes pour la défense de Paris et de soin aux blessés[3], afin de se réapproprier et valoriser leur travail de manière collective. Ces revendications et pratiques s’inscrivent dans une longue histoire de luttes de femmes qui avait commencé bien avant la Commune et qui se perpétue jusqu’à nos jours.

Cette expérience révolutionnaire nous laisse en héritage diverses questions toujours d’actualité : quels sont les liens entre les luttes sociales et les luttes féministes ? Et quels sont les apports de ces dernières sur les premières ? Comment faire face à la relégation systématique de nos luttes de la part des camarades masculins ? Quelle place réserver au “care” dans nos luttes ?

Mais la première question que nous nous sommes posée collectivement après avoir assisté à l’exposition et à la présentation, est celle de la connaissance de ces sujets : Pourquoi on ne nous a pas appris ça à l’école ? Comment peut-on faire vivre la longue histoire des luttes des femmes, et de manière plus générale des luttes pour l’égalité et l’émancipation, si nous en sommes coupé-e-s ?

Nous décrions ce système éducatif qui nous apprend l’Histoire écrite par les vainqueurs comme étant notre histoire. Nous décrions ce système éducatif qui laisse aux oubliettes toutes ces femmes et ces hommes qui ont lutté pour nos droits sociaux. Et nous décrions ce système éducatif qui refuse de porter un regard critique sur la répression qu’ont connue tous ces mouvements et qui refuse de nous offrir un angle populaire, décolonial et féministe.

Plutôt qu’attendre une réforme de l’école, pourquoi ne pas endosser le rôle de transmission de cette histoire ? N’est-ce pas un des rôles de l’éducation permanente de nous reconnecter à ces milliers de vies de lutte ? Alors continuons collectivement à partager nos savoirs et expériences, renouons avec les luttes du passé et faisons vivre les idées émancipatrices. Débattons de l’actualité des questionnements qui ont animé les personnes en lutte des années bien avant nous et mettons-les en perspective avec nos connaissances actuelles.

                                                                                                               Que vive la Commune !