par Florence Ronveaux
Si on vous disait qu’il est possible de réaliser dans le même temps une capsule vidéo ET une animation de sensibilisation en direct sur un sujet aussi délicat que le CONSENTEMENT, avec un public mixte de tous âges et origines…
Au menu :
Cadre, casting, consignes, prises de vue, débats avec la salle pour nourrir le scénario, montage, enregistrement live de la bande son avec les Moha Soundsystem (avec le public au chœur) et en guise de toping, une bande-annonce digne de Hollywood ! Le tout en 2h, service compris !
Vous ne le croiriez sans doute pas… Nous non plus on ne l’aurait pas cru !
Allez donc jeter un œil au résultat ! S’il vous ouvre l’appétit, vous trouverez aussi de quoi nourrir la réflexion dans le making off en-dessous de la vidéo…
La 3ième édition de « Coup d’œil », un festival de courts-métrages organisé avec l’asbl La Baraka sur le thème des relations entre les humains et la nourriture, fut l’occasion de concocter cette capsule.
C’est l’équipe du scénariste-réalisateur Karim Ait-Gacem, par ailleurs également animateur de discussions philosophiques décoiffantes, qui s’est pliée à ce défi dans le cadre du projet « Fous alliés ? » du CVFE, qui questionne les masculinités d’aujourd’hui… et de demain.
Le dispositif mis en place était celui du « CINÉM’ACTION », proche du Théâtre-Action, qui invite le public à participer à une mise en scène à la fois portée par des volontaires et des comédien·nes.
Ce soir-là, dans un décor de cuisine minimaliste, la comédienne Irina Ricciuti jouait une jeune femme lors de sa première rencontre avec un inconnu. Celui-ci, incarné par un spectateur volontaire, applique consciencieusement les consignes d’un autre volontaire, basé sur une ébauche de scénario (préparé avec des participant·es de l’asbl Interra quelques semaines auparavant et enrichi au fur et à mesure par les réactions du public…) Le genre de conseils que les hommes se donnent parfois en matière de séduction : des tuyaux plus ou moins savoureux…
À travers cette performance audiovisuelle de Ciném’Action, la mise en scène et le cinéma se révèlent d’excellents outils d’éducation populaire : chaque personne filmée et chaque intervenant∙e au débat qui s’ensuit sait qu’iel est dans un jeu, qu’iel peut être un temps libéré∙e des entraves et/ou tabous de la vie quotidienne. La parole se libère plus facilement, on peut s’identifier à l’un, à l’autre, se cacher derrière l’un, derrière l’autre, se confronter comme dans une joute, laisser s’échapper des paroles qu’on n’oserait peut-être pas ailleurs, paroles noyées dans les rires qui déculpabilisent. Mais ne déresponsabilisent néanmoins pas tous∙tes. En témoigne cette spectatrice qui revient vers l’animateur après la séance, en regrettant d’avoir parlé trop vite (elle avait argumenté que la jeune femme lui devait bien un baiser, puisqu’elle l’avait écouté si longtemps). L’idée n’avait finalement pas été retenue par la salle… Mais a fait son chemin, invitant cette participante à se questionner sur la banalisation de ce genre d’idées.
Des croyances qui révèlent leur piquant au visionnage… Une grimace, un refus, la viscosité des clichés et la sortie de la jeune femme qui surprend comme un clap final laissent une impression aigre-douce : On a bien ri, mais si ça se passait vraiment comme ça… « Vous en reprendriez une part, vous ? »
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