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(é)Prise de parole

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Raconter, dénoncer, imaginer...et passer à l'action

A quand les Fanny du cinéma?

par Cindy Pahaut, mars 2020 *



Dans le même ordre d’idées que celles brassées par notre étude sur le Porno féministe repris sous l’angle du « female gaze » -intitulée Les nouveaux dessous du Porno féministe à l’ère numérique. 2019, Jubilé érotique -, et afin d’approfondir cet outil d’analyse singulier qui s’attache à analyser (voire à renverser !) le point de vue masculin monopolisant le cinéma dominant, nous aimerions mettre en lumière plusieurs articles. Ces tribunes ont été publiées dans le journal Libération aux lendemains de la remise des César où Roman Polanski s’est vu attribuer un très polémique, et très indécent de notre point de vue, prix du meilleur réalisateur pour le film J’accuse.

« Césars : Désormais, on se lève et on se barre », par Virginie Despentes

« L’ancienne académie en feu », par Paul B Preciado

« Césars : ce que veut dire quitter la salle », par Fabienne Brugère & Guillaume le Blanc

Nous désirions également relayer un article, qu’une amie a repéré sur les réseaux sociaux, celui de Hanouna Hanounti qui rappelle la lutte des femmes de la classe populaire, toutes aussi fières et militantes qu’Adèle Haenel et ses consoeurs du 7ème Art, mais qui jouissent hélas d’un écho moindre.

Hanouna H

Posté par Hanouna Hanounti samedi 29février 2020

Chacun.e ses symboles. Hier la messe bourgeoise artistique a eu lieu.
 

Avec Polanski, le message envoyé aux victimes de violences sexuelles et sexistes est clair : l’agresseur, le violeur ne quittera jamais les espaces.
Ce message de l’impunité, il existe dans tous les milieux. Y compris chez nous. Au delà de Polanski, Il y avait aussi des soutiens actifs d’agresseurs connus du milieu militant dans la salle.

Chaque prise de parole, même de ceux et celles censées représenter nos banlieues ou notre classe, ont brillé par leur manque de position ferme. Alors que quand même : il y avait au moins une tribune à saisir. Hier, ce n’était pas une victoire : ni pour les femmes et les lesbiennes, ni contre le racisme, ni pour les banlieues.

  • le discours de Ladji Ly qui dit qu’il faut refaire de la France un grand pays… SVP.
  • le départ d’Adèle Haenel, à 10 min de la fin, alors que devant, ça se faisait gazer, embarquer. Désolée, mais je ne me suis pas reconnue dans ce geste. J’ai trouvé ça ridicule, avec Sciamma qui lui court après. Elles m’ont fait le même effet que quand j’ai vu leur film : pétard mouillé… mais c’est un autre débat.
  • le courage d’Aïssa Maïga est à noter et elle a mon soutien, d’autant plus qu’elle se fait insulter sur les réseaux et subit un racisme sexiste révoltant. Elle a fait 2 – 3 punchlines, devant une salle si hostile, si silencieuse et méprisante. Mais je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’aller quémander les miettes et leur demander de nous inclure dans leur système : est-ce la solution ? C’est la solution pour elle peut-être. Mais : que va t’il advenir du reste des nôtres ?

Comme le dit la femme de ma vie : « on ne veut pas des miettes ou une part de gâteau. On veut changer la recette du gâteau « .

Hier, on ne pouvait que constater l’échec de cette bourgeoisie, jusque dans leur art.
Bourgeois.es, vous vous êtes appropriés les outils de production artistique, en mettant en avant votre classe, vos représentations, vos histoires, vos corps. Les quelques films « diversité » que vous valorisez chaque année, ne feront pas oublier la carotte de la méritocratie artistique.
Mais vous avez bien échoué à vous approprier le seul espace dans lequel on retrouve le pouvoir sur nous-mêmes, on réécrit nos histoire, on met au centre nos besoins : la politique et la lutte.
Et tant mieux. Car vous n’êtes pas la solution, mais le problème.

Depuis hier aussi, je ne peux pas m’empêcher de me dire : à chacun.e ses symboles.
Mon symbole aujourd’hui, c’est pas la photo de la réaction individuelle de Adèle Haenel.
Mon symbole, c’est la lutte collective des femmes de chambre de l’hôtel Ibis. Elles n’ont pas de belles tenues et de bijoux en diamant. Mais mon dieu : elle est là, la seule et vraie beauté. Elles n’ont pas accès à tous les médias bourgeois.Et pourtant elles sont en grève depuis juillet 2019 : plus de 7 mois. Et pourtant, elles ont osé dénoncer l’agression sexuelle vécue par une de leurs collègues au travail, elles ont brisé le silence sur ce sujet. Mais qui en parle ?

Moi, j’en ai fini de me taper des torticolis à mater le haut du gratin ou à mendier pour qu’ils nous voient, nous reconnaissent et comprennent nos besoins.

Nos vraies héroïnes, celles qui font changer le monde sur tous les sujets : travail, et violences sexuelles, sont à côté de nous. C’est elles qui changent le monde.

Nous n’embrasserons pas nos destin sociaux et politiques, prises dans un étau, entre les hommes des quartiers, les bourgeoises racisées et les blanches bourgeoises.

On a les symboles qui nous ressemblent. Hier, personne ne me ressemblait, ne ressemblait à ce que je vis ou côtoie tous les jours dans mon quartier, au taf, dans ma mif.

Continuons le combat.Tenons la ligne. Occupons les espaces militants et artistiques. C’est nous qui faisons l’histoire et améliorons ce monde.

Comme le dit Femmes en lutte 93 : les femmes des quartiers ont 200 ans d’avance.
La bourgeoisie a bien 200 ans de retard. On en a encore eu la preuve hier.
PAILLETTES POUR LES NÔTRES !