(é)Prise de parole

(é)Prise de parole

Raconter, dénoncer, imaginer...et passer à l'action

Osons NOUS regarder autrement. Optiques profondes

Avoir écrit sur le porno féministe aura questionné plus d’un.e autour de moi.  Pourquoi donc s’intéresser à la pornographie !? Etait-ce dans mes habitudes ? Était-ce grisant ? Cradingue ? Comment je me positionnais par rapport à tout cela ? Qu’ai-je pu trouver ou non sur les sites gratuits en ligne qui pullulent sur Internet ? « Et tu as vu Ovidie ? », « Tu connais Emilie Jouvet ? », « le porno chic », « un projet bruxellois de euh… je ne sais plus comment elles s’appellent… ». « Est-ce que ça t’excite ? » « Et qu’est-ce que tu fais quand tu les regardes ? » Du tricot ?

Non, Messieurs, Dames, je réfléchis, je ressens -n’est-ce pas après tout un genre censé éveiller les sens et les désirs ?- et j’analyse en quoi ce porno féministe offre un nouveau regard révolutionnant la pornographie mainstream telle qu’elle nous inonde sur les tubes gratuits. Et pourquoi pas un nouveau regard des femmes sur elles-mêmes et leur(s) sexualité(s) ?

Je trouve en chemin sur la toile des réseaux des articles conseillés par un ami sur le « female gaze », concept-phare qui éclairera mes recherches. Cet outil d’analyse filmique, alternative féminine au « male gaze » théorisé par Laura Mulvey dans les 70’s, peut se définir comme un moyen de renverser le point de vue masculin monopolisant le cinéma dominant. Un film d’une actualité brûlante, en est le parfait exemple : Portrait de la jeune fille en feu, de Céline Sciamma (France, 2019). Non, cette très talentueuse réalisatrice française ne fait pas dans la pornographie ! Ni sa sublime actrice, Adèle Haenel, qui parle si bien ici des regards croisés tissant la toile de ce cinéma innovant :[yotuwp type= »videos » id= »N719lcOx_pM » ]

Mais Sciamma peint sur la toile la naissance d’une grande passion entre deux jeunes femmes fin du 18ème siècle, l’une libre et artiste, l’autre vouée à un mariage forcé, et invente un regard, un point de vue cinématographique qui nous fait ressentir un regard de créatrice posé sur une autre femme. Avec tout ce que ça brasse là comme érotisme, comme alternative au seul regard des réalisateurs masculins sur les femmes, puisque ceux-ci dominent la majorité de la création cinématographique mondiale, avec leurs fantasmes propres sur ce qu’est ou doit être pour eux le corps des femmes. Ce corps féminin hélas souvent malmené voire asservi dans le porno mainstream.

Pour autant, le porno ne doit pas être voué au bûcher à tout prix ! Ovidie, Emilie Jouvet, Annie Sprinkle nous tendent d’autres facettes du genre porno, ne nous en privons pas! Déjà dans les 80’s existait un désir fort de certaines artistes –dites féministes Pro Sexe- de se réapproprier les représentations de leur(s) sexualité(s), de leur corps. Et elles caressaient là un projet moins frivole et anodin qu’il n’y paraît aux yeux de certains. Ce projet s’avérait et s’avère toujours féministe, profondément politique !

Interrogeons sans tabou le genre et les multiples sexualités de celles qu’on dit « femmes », rouvrons autrement le chapitre #metoo, celui du consentement, des Sex wars des 80’s, du massacre des Sorcières d’un autre temps… De jeunes Bruxelloi.se.s rencontré.e.s grâce au bouche à oreille et malicieusement auto-baptisé.e.s Les Pépé.e.s, nous disent qu’on peut réaliser dans l’esprit DIY un porno intelligemment pensé et crapuleusement rafraîchissant, histoire de réveiller les esprits bien-pensants, d’émoustiller la curiosité. Ne soyons pas timides, osons les regarder.

Osons NOUS regarder autrement !

Si vous désirez explorer cette étude:                

Les nouveaux dessous du Porno féministe à l’ère numérique.2019, Jubilé érotique (étude)