(é)Prise de parole

(é)Prise de parole

Raconter, dénoncer, imaginer...et passer à l'action

Ce 5 mai, c’est la Journée internationale de la Sage-Femme ! *

par cindy pahaut *

Le 18 juin 2021, les Grenades (RTBF) dénonçaient le placement abusif du « Bébé de Marina » survenu en France début juin 2021. Cette dernière avait désiré accoucher à domicile et vivre une « naissance lotus », « pratique qui consiste à ne pas couper le cordon ombilical qui relie le bébé à son placenta au moment de la naissance. Le nourrisson reste donc attaché par le nombril à son cordon jusqu’à ce que ce dernier tombe de lui-même, généralement entre 3 et 10 jours après sa naissance. » Méthode par ailleurs entourée de soins particuliers pour ne pas risquer d’infection ou de mauvaises odeurs du placenta…

Suite aux démarches administratives des parents pour déclarer la naissance de leur enfant, l’Officier de l’État civil s’inquiète de ne pas recevoir de certificat de naissance. S’ensuit l’intrusion de policiers, de pompiers (!) et d’un médecin au domicile des parents qui constatent que ce fameux cordon n’a pas été coupé. Le procureur en charge décide alors de placer le bébé en famille d’accueil.

Outre l’effroi que peut susciter un placement aussi abusif (qu’une amie sage-femme dit devoir néanmoins nuancer, comme le fait par ailleurs l’article des Grenades, lorsqu’il souligne que Marina cumulait « plusieurs choses » justifiant aux yeux des services sociaux qu’ils veuillent lui retirer son bébé, mais aucune ne remettant véritablement en question sa capacité à l’élever …), ce cas révèle l’emprise de « modèles normalisés » d’accouchement sur nos corps de femmes. Modèles adaptés au système médical « moderne » où tout doit aller vite et « sans risque », et à cette fin, forcément se dérouler en milieu hospitalier. Où la figure du médecin est par ailleurs exagérément sacralisée, alors que l’essentiel du travail d’accouchement et de post-partum est tout de même accompli par les sages-femmes, qui constituent bien souvent une assistance précieuse dans cette étrange (et parfois perturbante) aventure de la naissance! Cette figure sacralisée du médecin, détenant tous les pouvoirs de décision (fort patriarcale s’il en est !), est néanmoins vivement critiquée par des sages-femmes de terrain (notamment dans la « Bible » des femmes enceintes, Une naissance heureuse : bien vivre sa grossesse et son accouchement d’Isabelle Brabant), les accouchements médicalisés n’étant pas non plus sans risque vis-à-vis de l’enfant et de la maman. Au contraire, l’empressement de certains services à poser des « interventions médicales » en entraîne souvent d’autres en chaîne dépossédant les mamans de tout choix possible quant à leur accouchement, en plus de la « culture de la peur » que certains médecins entretiennent et qui ne favorise pas forcément de bons choix pour les projets de naissance de chacune d’entre nous !

L’accouchement à domicile (& certaines pratiques qui l’entourent) n’est pas une obligation pour qui ne désire pas le vivre, mais devrait être beaucoup moins stigmatisé, & les accompagnantes à la naissance (les sages-femmes indépendantes notamment) jouir de conditions de travail valorisantes.

cfr article de C. WERNAERS,« En France, le bébé de Marina a été placé après un accouchement à domicile « , Les GrenadesǀRTBF Info, 18 juin 2021

Cfr H. ERGISI,  » Elle laisse le cordon ombilical de son bébé attaché à son placenta pour une bonne raison », site aufeminin.com, 23 mai 2018.

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nuances qu’apporte également l’article de L’Obs, « Séparée de son enfant après avoir accouché à domicile : deux versions s’affrontent », 18 juin 2021.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
I. BRABANT, Une naissance heureuse : bien vivre sa grossesse et son accouchement, Montréal, Éditions FIDES, 2015. 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Parmi ces mauvais choix médicaux se retrouvent des épisiotomies non nécessaires et douloureuses, des péridurales mal vécues, voire des césariennes qui auraient pu être évitées…
 
 
 
 
 
 

C’est le propre de l’appel que lance la Journée internationale de la Sage-femme ce 5 mai            

 Imaginez un monde où les sages-femmes auraient 

👉🏻 Une rémunération égale et équitable

👉🏽 Des conditions de travail et protections équitables

👉🏿 Une réglementation standardisée & des cadres de formation

                           Si nous pouvons en rêver, nous pouvons y arriver !                              👉 #ICM100                                       

Ces revendications auraient dû être idéalement portée lors de la pandémie, SI les manifestations avaient été plus aisées. Car, en ces moments de restrictions sanitaires dans les hôpitaux (visites limitées, papas parfois interdits dans les blocs d’accouchement, port du masque pour les femmes accouchant, etc.), les sages-femmes eurent été une alternative plus que bienfaisante ! Ce coup de projecteur a hélas été manqué, comme le déplore mon amie sage-femme.

Ces revendications sont par ailleurs également portées par la campagne #What Women Want, dont vous pouvez visionner quelques vidéos ici démontrant que ce ne sont pas des lubies new age de femmes occidentales, mais bien un plaidoyer qui unit des femmes et jeunes femmes du monde entier réclamant « plus de sages-femmes et d’infirmières mieux soutenues », afin de garantir leur SANTÉ REPRODUCTIVE.

Pour avoir désiré accoucher à domicile 2 fois, je sais quels levers de boucliers de la part de certains médecins et de l’entourage on peut rencontrer… L’accouchement à domicile n’est pourtant pratiqué que sur des grossesses sans risque, « physiologiques », et l’accompagnement humain qui le soutient est sans pareil pour rassurer les mamans (et les papas !) 

Et pour leur révéler que ces formes de réappropriation de la naissance sont une source fertile d’interrogations sur la PUISSANCE DES FEMMES !

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