par Sarah Thomas
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Ce 12 mai dernier, le Festival Libertad de Verviers proposait la conférence « Racisme systémique : autopsie d’un système de domination ». Nous y avons rejoint des participantes de nos ateliers…
Un panel très riche d’intervenantes avait été annoncé avec à sa tête Rokhaya Diallo (journaliste, autrice et réalisatrice), Nesrine Slaoui (journaliste et autrice), Ariane Estenne (présidente du MOC) & Sarah de Liamchine (co-directrice du PAC et présidente de Solidaris Wallonie).
Les échanges ont permis de mettre en lumière les liens intimes entre le racisme d’aujourd’hui et l’histoire coloniale, et les moyens pour lutter contre ce système. En effet, le racisme est bel et bien un système d’oppression qui a servi au processus colonial dont l’objectif était l’exploitation des ressources et habitant.es des terres colonisées. De nos jours, nous constatons encore les retombées de cette colonialité, notamment par la banalisation du racisme encore bien présent dans notre perception du monde, de l’Histoire ou encore des Autres.
Le racisme a imprégné notre univers dès notre plus jeune âge à travers les films, les livres et contes, les médias, l’art ou encore nos cours scolaires. Il s’est notamment marqué par le manque de représentativité positive de personnes non-blanches dans ces différents domaines. Que nous le voulions ou non, nous avons toutes et tous été élevé×es dans l’idéologie raciste. En être conscient×e est la 1ère étape pour pouvoir s’en détacher et espérer un changement de société.
Mais quelles sont les autres pistes pour agir contre le racisme ?
- Refuser et lutter contre le système capitaliste, système à l’origine des processus d’exploitation
- Avoir une lecture intersectionnelle des phénomènes sociaux
- Se positionner en allié×e… ou plutôt complice qui souligne davantage un mode d’action de lutte plus directe
- Creuser le passé, connaître l’Histoire des non-dominants
- Divulguer les informations par des personnes concernées
- Se former, s’équiper pour savoir de quoi on parle
- Lutter pour la revendication de droits
Lutter contre le racisme, c’est aussi connaître et employer les bons mots. Voici donc un lexique de termes développés dans les échanges >>>
« Racisé×e » Terme apparu en France en 1972, et rendu visible par Rokhaya Diallo récemment. Il renvoie au fait d’être exposé à un processus qui « racise », c’est-à-dire qui expose à un processus racial. Il est donc utilisé dans un cadre sociologique et non biologique (seule la « race humaine » existe, il n’existe pas plusieurs races biologiques au sein des humain×es). Dans le langage commun, ce terme désigne les personnes non-blanches alors qu’être blanc, c’est également être racisé ! Par ailleurs, il induit une identité raciale en mouvement : par exemple, une femme blanche qui décidera de porter le foulard sera associée aux arabo-musulmanes et verra ses privilèges restreints.
« Blanchité » Terme qui permet de parler du statut et des privilèges que possèdent les personnes blanches. L’expression « non-blanc » est aussi empruntée mais reste problématique car il se définit par rapport aux Blancs. Il n’existe pas de terme plus précis.
« Transfuge de classe » Terme qui renvoie au transfert de classe d’une personne non-blanche vers une classe sociale supérieure. On parle aussi de « mobilité ascendante » qui est tel un « cheval à bascule » souligne les allers et retours vers sa classe sociale d’origine.
« Racisme ordinaire » Expression qui renvoie à la banalisation du racisme. On parlera préférablement d’agressions racistes.
Vous souhaitez en savoir plus ? N’hésitez pas à découvrir ces ressources >>>
- « Kiffe ta race » – un podcast de Binge Audio animé par Rokhaya Diallo et Grace Ly
- Illégitimes de Nesrine Slaoui (Paris, éd. Fayard, 2021)
- Seule de Nesrine Slaoui (Paris, éd. Fayard, 2023)